Article n°37
Auvers-sur-Oise : une immersion au service d’une identité partagée



Comment j’ai plongé au cœur d’Auvers-sur-Oise pour imaginer une identité qui a du sens
Avant même de parler de logo, de couleurs ou de typographies, il y a toujours une étape que je considère essentielle dans mon travail de graphiste : l’immersion.
Comprendre un territoire, c’est avant tout écouter ceux qui le vivent, ressentir ce qu’il dégage, observer comment il fonctionne.
Et pour la mission confiée par l’Office de Tourisme d’Auvers-sur-Oise, cette phase de diagnostic prenait tout son sens.
Situé dans le Val-d’Oise, le territoire de l’Office de Tourisme ne se résume pas à la seule ville d’Auvers, mondialement connue pour avoir inspiré les plus grands peintres. Il regroupe quatorze communes, toutes différentes, mais toutes liées par une histoire commune, une géographie partagée et un tissu culturel dense.
L’enjeu de cette identité visuelle n’était donc pas simplement de “représenter Van Gogh” : il s’agissait de construire une image fédératrice, sensible, lisible et modulable, capable de rassembler les voix et les visages d’un territoire vivant.
Une immersion, pas un simple audit
L’immersion que j’ai menée s’est construite en plusieurs temps.
En amont, un questionnaire a été envoyé aux socio-professionnels : restaurateurs, hébergeurs, artistes, guides, responsables de sites touristiques…
Tous ont partagé leurs ressentis sur la manière dont le territoire est perçu, ses points forts, ses manques, les attentes qu’ils ont vis-à-vis de l’Office de Tourisme.
Leurs retours ont constitué une matière brute, sincère, précieuse. Un ancrage local concret, loin des discours tout faits.
En parallèle, j’ai voulu entendre la voix des visiteurs.
Pour cela, deux outils ont été mis en place : un questionnaire en ligne accessible via QR code, et un dispositif interactif installé directement à l’accueil, le “Distributeur de Mots”.
L’idée : permettre à chacun de laisser une trace, un mot, une émotion après sa visite.
Il en ressort une chose frappante : l’attachement au paysage, à la poésie du lieu, à son ambiance si particulière. Auvers-sur-Oise est bien plus qu’un nom célèbre : c’est une atmosphère.
Mais comprendre un lieu, ce n’est pas seulement récolter des avis. C’est aussi observer, sans intervenir.
J’ai passé du temps dans l’espace d’accueil, en “fly on the wall”, simplement pour voir comment les visiteurs entrent, se déplacent, interagissent.
Cette observation fine permet d’anticiper les usages et de penser une signalétique, une hiérarchie visuelle, un ton graphique qui parle vraiment aux publics.
Enfin, pour ressentir le territoire dans sa globalité, je suis partie marcher.
J’ai arpenté les sentiers, visité les musées, exploré les lieux culturels et les paysages alentours.
Car l’identité visuelle ne naît pas uniquement de ce qu’on nous dit, mais aussi de ce qu’on perçoit : les lignes d’un clocher, les reflets sur l’Oise, la lumière rasante d’un sentier au crépuscule.
Co-construire le brief : un acte de confiance
Pour clôturer cette phase d’immersion, j’ai animé un atelier de co-création avec l’équipe de l’Office.
Ensemble, nous avons posé les bases du brief graphique.
Pas un cahier des charges figé, mais une boussole commune, nourrie de verbatims, d’impressions, d’exemples inspirants.
C’est dans ce moment collectif que l’identité visuelle commence à émerger : à travers les échanges, les tensions parfois, les envies surtout.
De cette immersion est ressortie une vision claire, partagée.
Une envie commune de représenter un territoire pluriel, mais uni.
Un territoire artistique, mais jamais figé.
Un territoire accueillant, lisible, mais aussi sensible et un peu indiscipliné.
Tout l’enjeu, désormais, est de traduire cela visuellement.
Et maintenant ?
Cette immersion marque la fin de la première étape de la mission. Elle a été, comme toujours, un temps fort du processus.
Elle m’a permis de m’imprégner du territoire, de mettre des visages derrière les mots, de prendre le temps de ressentir ce qui ne se lit pas dans un brief.
Ce n’est que le début du projet, mais c’est déjà un pas essentiel vers une identité visuelle sincère, lisible et fédératrice.
Elle laisse derrière elle une richesse de matière, une série de directions fortes, et un cap précis pour la phase créative.
Car créer une identité visuelle, c’est donner une forme aux valeurs, aux paysages, aux récits.
Ce travail d’écoute et de terrain, je le revendique comme indispensable.
C’est lui qui garantit que l’image finale sera plus qu’un bel habillage : elle racontera vraiment quelque chose.
À suivre donc… bientôt, les premiers traits du futur visage graphique d’Auvers-sur-Oise.
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Merci pour la lecture ! ✌︎
Étant arrivé jusque là, laisse-moi me présenter : Margot Bonnet, je suis designer graphique spécialisée dans le milieu du tourisme.
Si tu as envie de parler, de se connecter ou juste voir ce que je fais, je suis Bonnet.M & tu me retrouves ici.