Etude de cas : le design génératif au service de l’expression populaire
Article n°6, juin 2020
Le design génératif au service de l'expression populaire
Je reviens ici sur mon projet de diplôme lors de mon Master Ui. J’ai toujours été passionnée par le design ou l’art génératif, et je veux donc vous partager mon projet qui est toujours en cours. Vous pouvez le tester à la fin de l’article, sur ce, bonne lecture !
Dans notre société où les normes, la mode, et la mondialisation font fondre nos différences, comment montrer ce qui compose notre psyché, ce qui compose les nuances de l’humain ? L’expression protocolaire est une œuvre participative qui permet à chacun de donner à voir ce qui nous caractérise. À travers le filtre d’un protocole, une machine dénuée de sentiment, une image prend forme, le proto.
Et c’est lorsque l’ensemble de ces images -chacune définissant un humain, une personnalité, ou un message- sont mises ensemble, sur un mur blanc immense, que nous apparaît l’arc-en-ciel de l’humanité, le colaire.Le protocole est là pour réunir des variables, les assembler et produire un résultat. L’utilisateur ne sait pas ce que ses choix vont produire, comment vont se matérialiser les informations réunies.
À travers un protocole, l’utilisateur / spectateur est invité à nous donner à voir une part de lui-même sans le savoir, et cette part, le proto, vient se mélanger avec celle d’autres utilisateurs formant le colaire, une galerie livrant la nature humaine en couleurs et textes.Le protocole est la part importante de l’œuvre, mise en place par moi-même, il est le noyau, ce qui produit et fait l’œuvre.
Cette œuvre vise à montrer la complexité des sentiments et de la nature humaine à travers la neutralité de la machine.Comme certains artistes utilisent l’intelligence artificielle sous forme de petits robots pour co-créer avec eux, ou encore l’utilisation du protocole pour donner à tout le monde la possibilité de créer et s’exprimer pour eux-mêmes.
le proto :
Le ton définit une typographie et un fond coloré. Quant à la personnalité, elle définit une deuxième couleur qui vient former ce dégradé.
Les protos forment comme un arc-en-ciel de personnalités formant les nuances que constitue la psyché humaine. De ce qu’on laisse voir, entendre, à ce qui nous définit. Cependant, la personnalité vient distendre, tordre, se mélanger à ce qu’on laisse voir. Formant ainsi une forme presque unique pour chacun.
Le colaire :
Machine
Le colaire machine possède un système de filtre : chronologique, et par ville. Cela permet de voir si dans cet arc-en-ciel d’humanité on peut voir apparaître de ressemblance, lié au message ou au ton par exemple.
Si par exemple pendant le confinement il y a eu beaucoup de polémique, d’ironie, ou de pathétisme. Ou encore par géolocalisation, selon des situations politique, pandémique ou culturelle.
Humaine
Ce colaire est ce qui ressemble le plus à ce que l’expression protocolaire serait sous sa forme dématérialisée. Une fois le proto créé, l’utilisateur vient l’exposer où il le souhaite. Le mur blanc géant est présent, l’utilisateur peut scroller à l’infini pour choisir la place où il souhaitera déposer son proto. Une fois cela sélectionné, il peut choisir son inclinaison, un peu comme s’il le collait lui-même, sans la rigueur numérique.
C’est ici que l’œuvre touche son but, en créant un mur géant ou des personnalités où messages peuvent se rejoindre, se contrer ou se superposer.
Pour aller plus loin :
Dans le but de retrouver l’esprit originel de l’œuvre, avant le confinement, j’ai développé un second protocole. L’utilisateur imprime son proto, et l’expose où et comment il le souhaite. Il prend ensuite une photographie qu’il m’envoie et je l’expose sur instagram. Ce réseau social au mur blanc de photo vient recréer un colaire plus libre que la machine existant actuellement, et tend vers le colaire humain, et le message de l’œuvre déconfinée.
L’origine
À cause du confinement, l’œuvre a dû s’adapter. Ce grand mur blanc devient dématérialisé, et le protocole peut se faire où on le souhaite. Cependant, j’aimerais aussi vous présenter aujourd’hui ce qu’il aurait donné dans sa version matérialisée.
Dans la version première, la matérielle, l’œuvre se situe dans une pièce blanche, le protocole présent sur une tablette contre un mur, de préférence en face de l’entrée. Sous la tablette serait cachée une imprimante qui sortirait le proto une fois celui-ci produit. De là, l’utilisateur / spectateur prendrait cette affiche sur papier autocollant, et déciderait où l’afficher. Sur le mur, sur d’autres protos, à l’envers ou encore sur le mobilier ou le plafond.
La possibilité d’expression en devient double : à travers le proto premièrement puis à travers son emplacement qui traduit un autre morceau de la personnalité ou du message de l’utilisateur. La complexité de l’œuvre vient, de plus, de l’installation finale. Quand les spectateurs posent leur proto dans la salle d’exposition, il n’y a pas de contrôle. Ce facteur d’imprévisibilité même décrit la nature humaine, à mon avis, et est donc représenté la colaire.